Les recommandations de l’Académie de médecine pour la prevention du burn out.
Un groupe de travail ad hoc de la commission psychiatrie et santé mentale à l’Académie nationale de médecine a rendu un rapport sur le burn out, émettant en conclusion cinq recommandations pour prévenir ce syndrome d’épuisement professionnel.
Les rapporteurs, le Pr Jean-PierreOlié, psychiatre au CH Sainte-Anne à Paris, et le Dr Patrick Légeron, psychiatre, fondateur du cabinet de conseil Stimulus, indiquent que le terme de « burn out renvoie à une réalité mal définie, d’un état de détresse psychologique à un état pathologique de syndrome d’inadaptation à un facteur stressant chronique« .
Ce terme ne peut en conséquence être actuellement un diagnostic médical, soulignent-ils.
« Son usage extensif conduit à confondre détresse (ou fatigue) et pathologie émotionnelle : seule celle-ci justifie un traitement notamment médicamenteux ayant apporté la preuve de son efficacité dans le cadre nosographique défini« , poursuivent-ils.
- Le rapport, en quelques pages, revient sur l’émergence du concept de burn out et pointe une « faible implication des organismes sanitaires français » sur cette problématique.
En France, le « ministère de la Santé paraît avoir délaissé cette question de santé publique« , écrivent les rapporteurs, qui relèvent que l’lnstitut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) « ne s’en est pas non plus saisi« .
Il souligne que c’est donc le ministère du Travail, par l’intermédiaire de la Direction générale du travail (DGT), qui a pris en charge la problématique de l’épuisement professionnel.
Dans les entreprises, les services de santé et les médecins du travail ne sont « qu’exceptionnellement sollicités » pour la mise en place de stratégies de promotion de la santé mentale le plus souvent mises en œuvre sous l’égide des ressources humaines (RH) et plus particulièrement des relations sociales, expliquent-ils.
- Le rapport traite également des questions posées par le concept de burn out à la médecine : absence du concept des nosologies psychiatriques, symptomatologie, méthodes d’évaluation, épidémiologie, facteurs étiologiques, etc.
Jusqu’à la prévention et la prise en charge thérapeutique, où les rapporteurs reviennent sur quelques stratégies mises en œuvre. Mais ils soulignent surtout qu’à ce jour, « aucune pathologie mentale ne figure dans le tableau des maladies professionnelles » de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).
Il en va de même dans les autres pays européens, à l’exception du Danemark, qui reconnaît comme maladie professionnelle l’état de stress post-traumatique, expliquent les rapporteurs.
Ils rappellent également que l’inscription du burn out au tableau des maladies professionnelles, débattue par les parlementaires français au printemps 2015 (lire encadré ci-dessous), a finalement été rejetée « probablement du fait de l’imprécision des contours de cette réalité« .
Cependant, ils signalent que les « dépressions d’épuisement » peuvent actuellement être reconnues comme maladies professionnelles « hors tableau ».
Et de conclure, après avoir présenté les professionnels de santé pouvant aider les personnes en risque de burn out, qu’il « faut faire davantage connaître aux médecins, à leurs patients et aux partenaires sociaux les modes simples de recours » devant les Comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (C2RMP).
- RECOMMANDATIONS
- Le terme de burn-out renvoie à une réalité mal définie, d’un état de détresse psychologique à un état pathologique de syndrome d’inadaptation à un facteur stressant chronique.
Le terme de burn-out ne peut donc être actuellement un diagnostic médical. Son usage extensif conduit à confondre détresse (ou fatigue) et pathologie émotionnelle : seule celle-ci justifie un traitement notamment médicamenteux ayant apporté la preuve de son efficacité dans le cadre nosographique défini.
- Des actions doivent être mises en œuvre par les organismes en charge de la recherche médicale pour l’établissement de critères cliniques, l’identification des mécanismes physio et psychopathologiques et, en conséquence, de modalités préventives et thérapeutiques de l’épuisement professionnel.
- Une priorité doit être donnée aux maladies dites de société (complications somatiques et psychiques du stress) dans les programmes de formation des étudiants en médecine et de développement professionnel continu des professionnels de santé.
- Une collaboration entre médecine du travail et management de l’entreprise doit être institutionnalisée dans une démarche de prévention du burn-out et des pathologies mentales liées au travail. Les conditions d’exercice de cette médecine doivent être reconsidérées en concentrant leur mission sur la démarche de prévention du burn-out.
- Une structure capable de faciliter la coopération entre les ministères concernés serait hautement utile, à l’instar de ce qui existe pour d’autres questions de santé et sécurité publique telles que toxicomanies ou sécurité routière. La santé psychique au travail ne peut retenir la seule attention du Ministère du Travail.
Il est urgent que le Ministère de la Santé développe des campagnes d’information auprès du grand public et des professionnels de soins pour une promotion de la santé mentale.
Source : Hospimédia, Caroline Cordier (16/02) et rapport du 16 février 2016, « Le burn-out », J.-P. Olié et P. Légeron, Académie nationale de médecine.
http://www.santementale.fr/boutique/acheter-numero/numero-190-septembre-2014.html